L’inquiétude des investisseurs, jusqu’à présent centrée sur le risque d’emballement de l’inflation, est en train de se transformer en une inquiétude d’un ralentissement sévère de l’économie à la suite du resserrement des politiques monétaires mondiales.
Ce changement de pied des marchés s’est traduit par un aplatissement fort des courbes de taux, une baisse de l’inflation anticipée à long terme et globalement une stabilisation des taux d’intérêt autour de 1% en Allemagne et de 3% aux Etats-Unis. Les marchés actions, après avoir fortement chuté sur la première partie du mois de mai, ont ensuite rebondi lorsque les investisseurs se sont convaincus que la banque centrale américaine ne serait peut-être pas contrainte de resserrer autant qu’anticipé sa politique monétaire compte tenu du possible ralentissement économique. Il convient actuellement de bien distinguer la tendance économique à court terme de celle à plus long terme (12 à 18 mois).
Malgré un léger recul des enquêtes d’activité aux Etats-Unis sur avril et mai, la dynamique de croissance reste robuste aux Etats-Unis grâce au dynamisme de la demande intérieure. Après une croissance de la consommation des ménages de plus de 4% au premier trimestre, la consommation des ménages a encore progressé de +0.9% sur le mois d’avril. Le consommateur américain, malgré une baisse de son moral et une baisse de son pouvoir d’achat, ne semble pas vouloir réfréner son appétit de consommation. Cette résilience du consommateur va soutenir la croissance américaine mais la question reste de savoir jusqu’à quand! Il parait en effet difficile d’imaginer que le consommateur américain puisse puiser indéfiniment dans son épargne pour soutenir ses dépenses.
Le marché immobilier américain fournit également un exemple de dichotomie entre situation actuelle et perspectives. Actuellement le marché immobilier américain affiche une pleine santé: les prix continuent de progresser (+20% sur un an pour les maisons), les mises en chantier sont au plus haut depuis 2006. Pour autant les perspectives à moyen terme sont plus inquiétantes. Les taux hypothécaires sont passés de 3% sur 30 ans en début d’année à 5.5% actuellement entraînant à la baisse certains indicateurs avancés du marché immobilier, comme les permis de construire ou les ventes de logements.
Même si les enquêtes d’activité auprès des chefs d’entreprises américaines n’ont que légèrement reculé depuis 2 mois, et se situent encore largement en territoire positif, la baisse des indicateurs de nouvelles commandes porte en germe un ralentissement de la production à venir. Cette inflexion baissière des perspectives économiques est logique dans le nouveau contexte financier de resserrement monétaire qui est le nôtre désormais. L’idée fait progressivement son chemin dans la tête des décideurs des institutions monétaires, que le succès de la lutte contre l’inflation passera nécessairement par l’acceptation d’une croissance économique plus faible à l’avenir. Le fine-tuning étant difficile en matière de politique monétaire, le risque de récession à la suite d’un resserrement monétaire trop important continuera à être discuté dans les salles de marché dans les mois à venir.
Jamie Dimon, le puissant PDG de JP Morgan, vient d’ailleurs d’affirmer que sa banque se préparait à faire face à l’« ouragan » économique qui arrive et d’ajouter « En ce moment, c’est plutôt ensoleillé, les choses vont bien. Tout le monde pense que la Fed peut gérer la situation. Mais cet ouragan est juste là, en bas de la route, il vient vers nous. Nous ne savons simplement pas s’il s’agit d’un ouragan mineur ou de Sandy ».
Les investisseurs avancent donc en ce moment à tâtons. Coincés entre d’un côté une inflation élevée et qui le restera et de l’autre une croissance économique élevée mais qui devrait ralentir. En conclusion et dans ce contexte, les marchés actions devraient continuer à être sous pression au cours des semaines à venir.
Article rédigé par les équipes d’APICIL ASSET MANAGEMENT.
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