Le mois de septembre a de nouveau été éprouvant pour les nerfs des investisseurs. Comme depuis le début de l’année, la valorisation des actifs risqués et des valeurs refuges ont chuté sous la pression d’autorités monétaires semblant vouloir faire oublier leur apathie de l’année dernière lorsque l’inflation était seulement qualifiée de transitoire.
Probablement alertées par la bonne tenue des marchés jusqu’à début août, les banques centrales ont accentué la pression pour faire comprendre aux investisseurs que la lutte contre l’inflation serait un travail de longue haleine, qu’un ou deux chiffres d’inflation en recul ne saurait infléchir. Résultat, les marchés ont revu fortement à la hausse leurs anticipations de hausse des taux pour les mois à venir, le taux cible attendu de la FED passant de 3,8 % à fin août à 4,6 % à la fin du mois de septembre Surtout, les attentes de détente monétaire attendues sur la fin de l’année 2023 ont été gommées.
Les taux directeurs élevés resteront donc élevés pour longtemps C’est en tout cas ce que veulent nous faire croire les banques centrales. L’intransigeance de la FED commence d’ailleurs à porter ses fruits puisque l’on assiste à une baisse sensible des anticipations d’inflation. Ainsi, le taux d’inflation anticipé à 5 ans est passé de 3,6 % à la fin mars à 2,20 % aujourd’hui, soit le niveau le plus faible depuis février 2021 et proche du niveau cible de la FED. Du côté des indicateurs avancés de l’inflation, l’optimisme est également de mise. Les enquêtes avancées sur les prix à la production montrent des baisses sensibles depuis quelques mois dans la foulée de la baisse des tensions sur les chaines de production et de la baisse du prix des matières premières. En moyenne les prix des matières premières ont chuté de 21 depuis le point haut atteint début juin.
Devant ces évolutions positives sur le front de l’inflation, une attitude plus conciliante de la part de la FED aurait pu être attendue. Il n’en est rien. L’institution monétaire américaine préfère en faire trop que trop peu. Il faut dire que l’économie américaine continue de résister à toutes les prévisions de ralentissement à l’image du marché du travail qui demeure anormalement robuste. Les marchés ont d’ailleurs progressivement intégré que tant que le marché de l’emploi américain ne donnera pas quelques signes d’affaiblissement, il sera peu probable d’entrevoir le fameux « pivot de la Fed », c’est à dire le moment où la FED commencera à inverser sa politique monétaire.
A cette problématique est venue s’en greffer une autre fin septembre avec les annonces du nouveau gouvernement britannique portant sur un plan de relance budgétaire qui a mis en exergue la contradiction actuelle entre mesures de soutien budgétaire face à l’envolée des prix de l’énergie et les politiques monétaires restrictives qui visent justement à refroidir la machine économique pour réduire les pressions inflationnistes.
L’exemple britannique est intéressant à plus d’un titre. Premièrement, il montre l’intransigeance actuelle des marchés pour un Etat qui aurait décidé de laisser filer ses déficits dans un contexte de relèvement des taux d’intérêt. En effet dans un premier mouvement, à la suite de l’annonce du plan budgétaire alourdissant le déficit public de 45 milliards de livres, les taux souverains britanniques se sont envolés à des niveaux impressionnants, le 30 ans progressant de 100 bps en 2 jours à plus de 5 un niveau inédit depuis 20 ans. L’autre enseignement de cette crise est qu’à la fin c’est toujours la banque centrale qui intervient et ce quelles que soient les contraintes sur l’inflation Jeudi 29 septembre, devant l’envolée des taux souverains et la chute de la livre, la Banque d’Angleterre s’est résolue à intervenir sur le marché obligataire en annonçant des opérations illimitées d’achat sur les obligations à 30 ans afin de faire baisser les taux.
La conclusion de cet épisode semble évidente. Malgré toutes leurs déclarations visant à convaincre les agents économiques que la priorité de leur mandat est la lutte contre l’inflation, la réalité reste et demeure que les banques centrales restent contraintes par les niveaux de dettes désormais atteints dans les économies développées. En d’autres mots, la lutte contre l’inflation reste prioritaire tant que le refinancement des dettes publiques actuelles et à venir reste assuré. Dans le cas contraire, nécessité fait loi, et les banques centrales peuvent à tout moment retomber dans le piège qu’elles ont elles mêmes contribuées à créer.
Article rédigé par les équipes d’APICIL ASSET MANAGEMENT.
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