Point de marché Juillet 2022 : Les marchés sont dans le gaz

8 juillet 2022 | Economie

Point de marché JUILLET 2022 : LES MARCHES SONT DANS LE GAZ

MATERIALISATION DES TROIS FACTEURS DE RISQUE

« La prédiction est un art difficile surtout lorsqu’elle concerne l’avenir » disait Pierre Dac.

L’évolution des marchés au premier semestre 2022 a contredit les prévisions que nous faisions en début d’année.
Nous estimions alors que, portée par la résolution progressive des perturbations des chaînes de production mondiales, la croissance 2022 resterait suffisamment dynamique pour encaisser un relèvement modéré des taux d’intérêt.

Nous avions identifié toutefois 3 facteurs de risque sur 2022, qui s’ils venaient à se matérialiser remettrait en cause notre scénario central sur la croissance. Force est de constater que ces trois risques se sont matérialisés simultanément.

Tout d’abord, la FED et la BCE ont totalement changé leur discours et ont amorcé (surtout la FED) un resserrement à marche forcée, en complet décalage avec les attentes en début d’année. En février, le déclenchement de la guerre en Ukraine a créé une onde de choc sur les matières premières énergétiques, conduisant à une remise en cause des équilibres économiques. Le meilleur exemple de ce basculement est le passage en déficit de la balance commerciale de l’Allemagne (-1Mds€ en mai) causé par l’envol de la facture énergétique alors que le pays affichait des excédents depuis 1991.

Paradoxalement, le cumul de ces trois chocs, monétaire, géopolitique et inflationniste aurait pu avoir des conséquences encore plus fortes sur l’économie et les marchés. Une croissance molle mais positive, et une baisse de 20% des actions semblent dès lors être un moindre mal.

En ce début juillet, toutefois, les événements semblent s’accélérer. Les enquêtes d’activité auprès des entreprises, après avoir longtemps résisté montrent depuis 2 mois des signes inquiétants présageant un ralentissement fort de
l’activité sur les mois à venir.

PREMIERE BAISSE DE LA CONSOMMATION AMERICAINE

Le consommateur américain ? qui jusqu’à avril se comportait « hors sol » avec une croissance de sa consommation qui défiait la baisse de son pouvoir d’achat, semble revenir à la réalité avec une première baisse mensuelle de sa consommation (-0.4%) depuis décembre dernier.

Le principal enjeu, tant pour les marchés que pour l’économie européenne en général, est l’accès au gaz russe. Les regards sont tournés vers le pipeline Nord Stream, principal canal d’importation de gaz en Europe, dont une opération de maintenance prévue du 11 au 21 juillet, va conduire à un arrêt des importations de gaz. Avec un débit déjà réduit de 60% depuis 15 jours à la suite de la décision de Gazprom de baisser les livraisons en raison d’absence de compresseurs habituellement livrés par le groupe allemand Siemens, les observateurs craignent que les autorités russes ne se servent de ce genre de prétexte pour empêcher le redémarrage des livraisons à l’issue de la période de maintenance.

ENVOLEE DU PRIX DU GAZ ET RECONSTITUTION DES STOCKS

Compte tenu de ce risque, le prix du gaz s’est envolé sur les premiers jours de juillet (+50%). Les Etats européens sont engagés dans une course contre la montre pour reconstituer leur stock de gaz avant le 1er novembre, de même qu’ils préparent l’arsenal juridique pour gérer la possible pénurie de gaz pendant l’hiver. La menace de coupure des livraisons de gaz par la Russie va rester le sujet d’actualité numéro 1 pour les marchés européens cet été.

Pour les marchés américains, même si la situation énergétique du vieux continent sera impactante, la priorité restera l’évolution de la politique monétaire de la Fed et le risque de récession. Le marché actions américain apparaît ainsi moins à risque que le marché actions européen. La récession, attendue par beaucoup d’analystes aux Etats-Unis, s’annonce modérée grâce à la pénurie de main d’œuvre qui devrait inciter les entreprises américaines à ne pas licencier trop vite les salariés qu’elles ont eu tant de mal à recruter.

Cet écart de risque entre marchés européens et américains se traduit dans les valorisations. Alors que le niveau actuel du S&P 500 est compatible avec une baisse de 5% des résultats à horizon un an, le niveau actuel de l’Euro Stoxx 50 intègre une baisse de 20% des résultats des entreprises sur cet horizon.

Article rédigé par les équipes d’APICIL ASSET MANAGEMENT.