Comprendre le S de ESG avec André COISNE, Président fondateur de l’agence de notation extra-financière sur l’emploi, Humpact

24 juin 2021 | ESG / ISR

Echange Avec André Coisne, Président fondateur d’Humpact, ancien CEO d’ING, BforBank et Orange bank qui nous explique avec pédagogie la mission d’Humpact et nous fait découvrir sa vision de l’ESG et plus particulièrement de la notation S.

Bonjour André, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

J’ai une longue expérience dans les services financiers, notamment la banque de détail et l’asset management. J’ai notamment eu la chance de lancer et diriger 3 banques en ligne : ING, BforBank et Orange bank.

Vous êtes CEO fondateur de Humpact, une agence de notation extra-financière, quelle est sa mission ?

Notre mission est de mesurer l’impact des politiques sociales des sociétés cotées sur l’emploi en France pour inciter les investisseurs à favoriser les entreprises qui ont le plus grand impact. Pour ce faire nous calculons un score emploi France pour chacune des entreprises de l’univers et mesurons annuellement leur impact.

Quand on parle d’ESG, le E d’environnement est le plus souvent mis en avant au détriment des deux autres. Humpact se focalise sur le S, pouvez-vous nous en dire plus ?

Il me semble que l’environnement est bien traité ainsi que la gouvernance parce que les sujets sont universels et bien identifiés. L’impact environnemental d’une société chinoise et celui d’une société européenne peuvent s’apprécier sur des critères comparables et visent le même objectif : préserver la planète. S’agissant de la notation S, de l’externalité sociétale ou sociale, elle est en retard car il n’y a pas encore de vision suffisamment partagée sur le rôle social des entreprises et elle souffre d’un manque de données. Notre approche a donc été de prendre le point de vue d’un investisseur français et de concentrer notre notation sur la contribution des sociétés cotées sur la création d’emplois en France.  Dans un pays développé comme la France, l’emploi participe fortement à la poursuite de plusieurs objectifs de développement durable parmi les 17 ODD de l’ONU : pauvreté, santé, éducation, inégalités, parité, emplois décents …

La France est la troisième puissance économique européenne mais crée beaucoup moins d’emploi que nos voisins allemands et britanniques : il manque 1 million d’emplois dans notre pays. Cette situation affecte particulièrement les jeunes de moins de 25 ans, les séniors de plus de 60 ans et les personnes en situation de handicap (PSH).

Concrètement, quels sont les principaux critères analysés des entreprises ?

 Nous mesurons pour environ 270 sociétés cotées en France soit 97% de la capitalisation boursière à Paris la croissance nette d’emploi en France, les politiques en faveur des jeunes et notamment de l’apprentissage, les politiques en faveur du maintien dans l’emploi des séniors et de l’insertion des PSH, les politiques d’achats responsables ou mieux inclusives, la transparence des entreprises sur leurs indicateurs sociaux, la qualité des emplois créés, l’engagement sur les objectifs de développement durable, le partage de la valeur et la parité femme-homme.

Dernière question, quelle est l’ambition d’Humpact à long terme ?

Notre ambition est que la thématique de l’emploi en France prenne toute sa part dans l’investissement des institutionnels et des particuliers français et que ce-faisant les entreprises cotées qui aujourd’hui emploient 2 fois plus de salariés à l’étranger qu’en France, jouent pleinement leur rôle dans la résolution des problèmes sociaux locaux que nous avons évoqués plus haut. Nous envisageons aussi d’étendre notre analyse auprès des sociétés européennes.