La Banque centrale européenne poursuit la lutte contre l’inflation en relevant ses taux directeurs

4 mai 2023 | Economie

La Banque centrale européenne poursuit la lutte contre l’inflation en relevant ses taux directeurs

Dans la quête incessante de maîtriser l’inflation, la Banque centrale européenne (BCE) a procédé, en ce jeudi, à une augmentation de ses taux directeurs de 25 points de base, soit un quart de point de pourcentage. Le taux de dépôt s’élève désormais à 3,25 %, le taux de refinancement atteint 3,75 % et celui de la facilité de prêt marginal s’établit à 4 %. Il s’agit de leur niveau le plus élevé depuis juillet 2008.

Cette décision était prévisible. Les données concernant la hausse des prix en zone euro, divulguées mardi, justifient cette nouvelle action de la BCE. L’inflation demeure toujours très élevée et a même enregistré une légère progression en avril, passant de 6,9 % à 7 % sur une année. Il est hors de question pour l’institution de Francfort de céder, car elle vise un objectif de 2 %, gage de stabilité des prix.

Inflation soutenue

Certains analystes, tels ceux de JP Morgan et de Bank of America, envisageaient même un relèvement de 50 points de base, à l’instar des réunions précédentes. Cependant, la banque centrale n’a pas souhaité se montrer trop sévère. Tout d’abord, parce que certains indicateurs laissent entrevoir un renversement de la tendance. L’inflation sous-jacente, qui exclut les prix très volatils de l’alimentation et de l’énergie et est privilégiée par la BCE, a légèrement reculé le mois dernier, passant de 5,7 % à 5,6 %.

De plus, la dernière enquête sur la distribution du crédit en zone euro au premier trimestre, publiée mardi, révèle un net ralentissement du financement de l’économie par les banques. Les établissements bancaires ont durci leurs conditions d’octroi « au rythme le plus élevé depuis la crise de la dette souveraine en 2011 », souligne le rapport. Cela témoigne en grande partie du fait que le resserrement monétaire initié par la BCE en juillet dernier commence à impacter l’économie. Il était donc préférable de ne pas alourdir la charge.

Prudence

D’autant plus que la BCE a parallèlement décidé de mettre un terme total, à compter de juillet, à ses réinvestissements dans le cadre de son principal programme d’achat obligataire, l’Asset purchase programme (APP). Depuis deux mois, elle avait entamé la réduction de ses achats d’obligations, en s’abstenant de réinvestir – pour 15 milliards d’euros par mois – les montants issus du remboursement des obligations de son portefeuille.

Un relèvement trop important aurait pu fragiliser les banques, tandis que la BCE retire de la liquidité sur le marché en dégonflant son bilan. Elle a également accéléré les remboursements des TLTRO, des prêts ciblés de long terme accordés aux banques à des conditions avantageuses lors de la crise. Près de 500 milliards d’euros de ces financements arrivent à échéance en juin.

Cependant, cette hausse moindre ne signifie pas que la banque centrale en a fini avec les tours de vis. Contrairement à la Réserve fédérale américaine, qui a laissé entendre mercredi soir qu’elle allait faire une pause dans son resserrement monétaire après avoir procédé à un dernier relèvement de 25 points de base de ses taux directeurs. Les marchés anticipent une augmentation totale de 75 points de base des taux de la BCE – incluant celle d’aujourd’hui – d’ici à la fin de l’été.