L’année 2022 qu’on attendait belle d’un point de vue financier s’avère être au contraire éprouvante. Les zones de dangers que nous avions identifiés au début de l’année se sont toutes manifestées les unes après les autres. L’année a commencé avec un raidissement de la communication des banques centrales à la suite des records successifs marqués par l’inflation.
En février, ce qui n’était qu’un risque géopolitique est devenu une réalité, l’invasion de l’Ukraine par la Russie déclenchant une montée de l’incertitude au niveau mondial. En mars et en avril, la Chine poursuivant sa politique zéro-covid a procédé à des confinements généralisés au sein des deux plus grandes zones de production du pays, Shenzhen et Shanghai, accentuant encore un peu plus la désorganisation des chaines de production mondiale.
Dans ce contexte, il est étonnant de constater que les actions mondiales n’aient perdu que 13% depuis leur dernier sommet de la fin de l’année 2021. Pourtant, pris en étau entre la hausse des taux d’intérêt et les révisions à la baisse de la croissance mondiale, les actions auraient pu connaître une correction plus brutale que celle que nous observons.
En effet, contrairement aux consommateurs dont la confiance s’est effondrée sous les coups de boutoirs de l’inflation, les investisseurs semblent garder, sinon le moral, en tout cas l’espoir.
Regardons les choses de plus près. Commençons par la hausse de l’inflation. Pour le moment, les entreprises semblent s’en accommoder. Le pricing power des entreprises, surtout américaines est intact.
Les marges des entreprises américaines restent sur leur plus haut niveau historique (18%) illustrant la capacité de ces entreprises à faire passer la hausse de leurs coûts au consommateur. La question ne tardera toutefois pas à se poser du maintien de ces marges compte-tenu des revendications salariales à venir. S’il est en effet possible d’envisager sur une année en europe comme aux Etats-Unis des pertes de pouvoir d’achat, il est difficile d’imaginer sérieusement, qui plus est avec un marché de l’emploi bouillonnant, des hausses de salaires longtemps sensiblement inférieures à l’inflation comme cela est le cas depuis un an.
L’autre inquiétude des marchés porte sur la trajectoire de remontée des taux d’intérêt. Là encore, les investisseurs bien qu’inconfortables vis-à-vis de la dynamique actuelle se rassurent en se disant que le niveau du pic envisagé des taux directeurs des banques centrales (environ 3.25% fin 2023 aux Etats-Unis, 1.75% fin 2023 en Zone euro) est tout à fait gérable et ne va pas réduire significativement la prime de risque des actions. Par ailleurs, le sentiment diffus que les banques centrales sont limitées dans leur action par le niveau des déficits publics contribue à atténuer sérieusement les craintes d’envolée des taux d’intérêt.
Enfin, le ralentissement chinois lui-même n’est pas perçu comme une réelle menace dans la mesure où, l’histoire récente l’a prouvé, la Chine est capable de relancer la machine via le lancement de grands projets d’infrastructure. Concernant la guerre en Ukraine, même si les investisseurs conservent un œil attentif à l’évolution de la situation, notamment par rapport aux conséquences du conflit sur le prix des matières premières, l’impression générale est que le conflit reste circonscrit à une région avec un risque limité d’élargissement.
Les exemples précédents le montre, les investisseurs font plutôt preuve d’optimisme et considèrent que les difficultés du moment vont être surmontées. Peut-être. En tout cas, la multiplication des foyers de risque (inflation, guerre en Ukraine, ralentissement économique) nous incite à maintenir notre prudence pour les semaines à venir.
Qu’un seul de ces foyers de risque connaisse un développement défavorable, c’est l’ensemble des prévisions économiques qui sera à revoir.
A ce titre, Banque of America a récemment interrogé ses clients investisseurs sur leurs sources d’inquiétudes. Les craintes sur la guerre en Ukraine ont baissé fortement sur le mois d’avril (en 4ème position, loin derrière le risque de ralentissement mondial et de resserrement monétaire).
Nous ne partageons pas cet optimisme sur le conflit et craignons, dans les semaines qui viennent, une accentuation des tensions.
Article rédigé par les équipes d’APICIL ASSET MANAGEMENT.
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